DILVEN ET SADOWN, EN EXIL :
« ON PENSAIT QU’ON NE POURRAIT JAMAIS SE MARIER. »
LEUR TÉMOIGNAGE
Originaires d’Irak, Dilven et Sadown ont dû fuir leur village à cause des combats qui ont éclaté dans le Sinjar, au cours de l’été 2014. Séparés par les violences, ils se retrouveront finalement dans un camp de déplacés au Kurdistan irakien, après deux mois d’exil et de nuit trop courtes, passées dans des camps de fortune et des immeubles en construction, sans nouvelle l’un de l’autre.
Dilven a 22 ans mais n’en a que 12 lorsqu’elle fait la connaissance de Sadown, son aîné de 2 ans. Ils tombent rapidement amoureux et les années passent, renforçant leurs sentiments. A sa majorité, le jeune homme demande la main de son amie mais c’est trop tôt pour le père de Dilven, qui attend du futur époux qu’il ait une situation pour se marier avec elle. Sadown ne se décourage pas : il part travailler pour une compagnie pétrolière à Sulaymaniyah, dans le nord-est de l’Irak, à plusieurs centaines de kilomètres de son village natal. Ce travail lui permet de venir en aide à sa famille, de mettre de l’argent de côté et d’améliorer sa situation aux yeux du père de Dilven.
Le 3 août 2014, tout bascule. Dilven est dans la maison familiale lorsque la nouvelle tombe : l’Organisation de l’Etat Islamique avance de village en village, massacrant et enlevant les populations. Dans la précipitation, Dilven part avec le strict minimum. Sadown tente de la joindre par téléphone, sans succès. « J’ai essayé par tous les moyens d’avoir de ses nouvelles, ça fait 10 ans que je l’aime et je ne peux pas me faire à l’idée de la perdre ». Les échos des atrocités défilent en continu sur toutes les chaînes de télévision.
Finalement, Sadown réussit à rejoindre ses parents qui ont fui en direction de Zakho, au Kurdistan irakien. Ils trouvent refuge dans les bâtiments en construction de Dabin City, où il tente de retrouver la trace de Dilven. Malheureusement, personne ne sait où elle est et ses recherches restent vaines.
De son côté, la jeune fille a traversé la frontière turque pour y trouver refuge avec sa famille. De Turquie, elle réussit enfin à contacter Sadown grâce aux réseaux sociaux. Après deux mois de séparation, il reçoit un message de Dilven sur Facebook : elle est vivante, et elle va bien. Dans les jours qui suivent, il réitère sa demande en mariage auprès du père de Dilven, qui accepte enfin.
C’est dans le camp de déplacés de Berseve 2, à quelques kilomètres de Zakho, qu’ils se sont enfin dit oui. Pas de grande cérémonie ni de repas gargantuesque comme l’explique la jeune fille : « Pour le mariage, on a fait la cuisine le premier jour et on a appelé quelques personnes pour partager ce moment mais dans une telle situation, c’est très difficile ». Ses parents ont préféré ne pas venir, restant de l’autre côté de la frontière turque.
Assis l’un à côté de l’autre dans la tente qui accueille également la famille du jeune homme, les nouveaux mariés ne perdent que rarement leur large sourire : « On pensait qu’on ne pourrait jamais se marier avec tout ce qui arrive aux Yézédis. Maintenant, nous sommes prêts à faire face car nous sommes réunis ». Leur prochaine étape ? « On va faire notre lune de miel dans cette tente » lâche Sadown dans un éclat de rire.
En Irak : le contexte de leur départ
L’Irak fait face à une double crise depuis le début de l’année 2014. Après l’arrivée de près de 250 000 réfugiés syriens en 2013, les multiples offensives de l’Etat Islamique ont provoqué des déplacements massifs à travers le pays. Au cours de l’été 2014, les attaques au nord du pays, sur la ville de Mossoul et la région du Sinjar ont forcé des centaines de milliers de personnes à fuir au Kurdistan irakien. En l’espace de quelques semaines, plus de 800 000 personnes ont trouvé refuge dans les trois gouvernorats de la région (Dohuk, Erbil et Sulaymaniyah). Les déplacés y cherchent un abri et un accès aux produits de base qui leur font défaut : eau, nourriture, médicaments.
Notre action au Kurdistan irakien
Action contre la Faim est présente au Kurdistan irakien depuis 2013 pour venir en aide aux réfugiés syriens. Depuis 2014, l’organisation vient également en aide aux déplacés internes, en distribuant de la nourriture, des coupons alimentaires, de l’eau et des kits d’hygiène. Action contre la Faim installe des réseaux d’eau, des latrines, multiplie les séances de promotion à l’hygiène et apporte un soutien psychologique aux populations qui peinent à se reconstruire dans des conditions précaires. Grâce à ces différents programmes, Action contre la Faim vient en aide à plus de 300 000 personnes chaque mois.
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Lieux d’interventions :
– Erbil
– Dohul
– Sulaymaniyah
– Ninewah
– Diyala
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Types d’interventions :
– Nutrition, santé et pratiques de soin
– Eau, assainissement, hygiène
– Sécurité alimentaire et moyens d’existence
– Soutien psychologique
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#NotAChoice
Photographie © Florian Seriex / ACF
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